
Wim
Voici l'article du Télégramme du 02 décembre 2017
Quimper. La société Enag met le train sur pile L'entreprise quimpéroise Enag, spécialisée dans la conversion d'énergie, a développé un système de traction sur batterie pour locomotives. Une innovation qui pourrait permettre aux trains de circuler sur des tronçons non électrifiés, sans utiliser de diesel.

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Imaginons un train, qui, sur une portion du réseau non électrifiée, pourrait circuler sans faire tourner son moteur diesel, sans bruit ni pollution. L'entreprise quimpéroise Enag, pionnière, depuis 1946, dans la conversion d'énergie l'a fait. En moins d'un an, elle a mis au point un système de traction alimenté par batterie pour les locomotives diesel. « Un opérateur qui réalise des travaux sur les voies, dont je ne peux pas encore dévoiler le nom, nous a commandé un train de travaux à propulsion hybride », annonce Henri Le Gallais, le président d'Enag. Pour l'instant, une seule unité est sortie des ateliers de fabrication, situés zone de Kerdroniou à Quimper (29), pour un montant « inférieur au million d'euros ». Elle débutera, lundi, sa deuxième session de certification pour une mise en service en janvier prochain. Le système, composé d'une batterie lithium ion, d'une armoire de commande, d'un moteur électrique et d'une prise à quai, équipe une locomotive de travaux, destinée à tracter les trains contenant le matériel : grues, ballasts, rails, traverses... « Lors d'un chantier sur voie, les caténaires sont coupées, la locomotive est donc obligée d'utiliser la traction au diesel. Cela pose des problèmes, notamment dans les tunnels, à cause des émissions de gaz, et dans les zones urbaines où le moteur produit des nuisances sonores », poursuit celui qui a pris la direction de la société en 2014.
Expérience en milieu hostile Avec ce système, les locomotives pourront circuler une heure, à une vitesse d'environ 10 km/h, le moteur électrique délivrant une puissance de deux fois 250 kW. Suffisant pour passer tous les types de pentes et « arracher » le train, terme utilisé pour désigner sa mise en mouvement. Quatre procédés sont utilisés pour charger la batterie : le branchement électrique à quai, le freinage, l'alternateur du moteur diesel et un groupe électrogène. « Le système est parfaitement autonome, le conducteur ne doit pas avoir à le gérer, c'est tout l'intérêt ». Pour cette quasi-innovation - « à ma connaissance il y a déjà eu quelques trains hybrides, fabriqués par des géants comme Alsthom » - la « petite » entreprise de 90 salariés a pu s'appuyer sur une solide expérience dans la conversion d'énergie en milieu sévère. Déjà , en 1950, Enag fournissait une éolienne à l'explorateur français Paul-Émile Victor pour son expédition polaire au Groënland. Depuis les innovations se sont succédé dans le monde ferroviaire, maritime ou de la défense. « Nous avons réalisé la propulsion hybride des deux nouveaux patrouilleurs commandés par l'État pour la Guyane ». Au moment d'imaginer l'avenir de la batterie pour train, Henri Le Gallais avoue « ne pas avoir encore étudié le marché », mais une société suisse pourrait déjà être intéressée.